La victime imparfaite

Avertissement de contenu: agression sexuelle, avortement.

Ça fait des mois que je n’arrive pas à écrire.
Ma playlist qui joue en mode aléatoire dans mes écouteurs,
En attente d’une mélodie qui pourrait m’inspirer à écrire.
À trouver les mots justes pour raconter mon récit, mon histoire? Mon vécu?
Pour raconter cette agression sexuelle.

C’est qu’il faut être la victime parfaite
Jusque dans ma façon de raconter mon agression.
Avec des mots parfaits qui expliquent parfaitement ce qui s’est passé
Pour que les personnes qui me lisent comprennent parfaitement
Mais y’a rien de parfait dans une agression sexuelle.
Et surtout pas dans la façon des gens à recevoir un dévoilement.
Peu importe ma façon de raconter/dévoiler/dénoncer.
Je l’ai appris durement.

Pis là je suis tannée d’attendre la mélodie, l’inspiration, les mots justes, la perfection.

Alors voilà mon histoire imparfaite.

Il est venu en moi alors que je lui avait demandé de se retirer avant de jouir.

C’était mon amoureux.

Il avait déjà éjaculé en moi dans le passé.

J’étais consentante à faire l’amour.

J’ai pas crié.

Je l’ai pas repoussé.

J’ai pas dit  »non » quand il a éjaculé en moi.

Il ne m’a pas retenu de force.

C’était quand même une agression sexuelle.

Il n’a pas respecté mon consentement.

Il s’est justifié après-coup en disant que c’était  »trop bon ».

 »Trop bon » pour respecter mon consentement.

Son plaisir était plus important que mon bien-être.

Plus important que mon intégrité physique.

Ça m’a appris que ma sexualité servait au plaisir des autres (surtout des hommes cis).

Je suis tombée enceinte.

Je me suis fait avorter.

Puis je l’ai laissé.

C’est tout.

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